La confiance pour le lâcher prise

Peu importe le charisme et les compétences de l’hypnotiseur (ou du Dominateur (même si ça n’a rien à voir)) si l’hypnotisé (ou le Soumis (même si ça n’a rien à voir non plus)) n’a pas confiance, la séance (ou le jeu) n’ira pas dans le bon sens.

Je dirais même que sans la confiance tout le monde va perdre énormément de temps et d’énergie pour rien du tout. Chacun d’entre nous voit le confiance d’une manière ou d’une autre. Certains la construise avec le temps, d’autre la donne tout entière puis l’enlève morceau par morceau au gré des déceptions… En tous les cas, je pense que c’est à l’hypnotisé d’être acteur de sa confiance.

Je m’explique. Et pour ça je vais prendre un exemple personnel. Dans ma liste de contact Skype, il y a une personne qui n’a eu de cesse de m’expliquer ses envies et ses désirs d’hypnose avec moi mais attends que la confiance s’installe. C’est une bonne chose me dirait vous. Sauf qu’il y a un énorme soucis. Je n’ai aucun moyen de lui donner confiance en moi. Il attend et attendra encore des preuves tangibles et inaliénables de fiabilité de ma part. Ils n’en existent pas. De mon côté je n’ai pu que chercher à prouver pendant de longues discussions que j’étais fiable, cohérent, flexible et tolérant. Sans jamais trahir mes propos, je suis resté stable pendant des mois et des mois de discussion qui finirent immanquablement par tourner en rond.

Résultat ? Il n’a toujours pas confiance et attend toujours que ça arrive. Si par contre il était acteur de cette confiance. Qu’il décidait de prendre des risques mesurés afin d’avancer plus loin dans cette relation, on pourrait construire quelque chose.

Pourquoi je parle de ça ? Parce que j’ai vu trop souvent des gens attendre patiemment que l’hypnotiseur « inspire » confiance. Je pense qu’il faut au contraire, en pleine conscience, décider à qui faire confiance. Et accepter de s’être trompé le cas échéant.

Bien sûr, ce n’est pas évident, la peur et le doute freinent et tous les hypnotiseurs le comprennent. Nous sommes là, disponibles. Mais ceux qui désirent sauter le pas et sont tétanisés par ce qui pourrait mal se passer, et attendent donc d’avoir confiance ; à ceux-là je réponds : « C’est bien dommage. »

Peut-être peut-on y voir un jugement de valeur. En ce cas, je m’excuse par avance car ce n’est pas le but. J’aimerai simplement faire comprendre mon point de vue. Vous ne pourrez jamais lâcher prise si vous ne faites pas confiance. Et vous ne pourrez jamais faire confiance si vous ne décidez pas, en pleine conscience, que vous faîtes confiance.

Je suis quelqu’un qui donne facilement sa confiance. En échange, je la retire également facilement. Une sorte de moyen de protection personnel. Avant de donner ma confiance, je teste, je tâtonne, j’expérimente. Ca me semble normal. Et je vais chercher des indices qui pourraient m’empêcher de donner ma confiance. Je ne cherche pas des indices qui pourraient me donner confiance. La nuance me semble là. Sinon je m’enfermerai dans une sorte de liste non exhaustive de besoin de confiance. Au final j’aurai toujours une excuse pour ne pas avoir confiance car il manquerait toujours quelque chose.

Je vais extrapoler et exagérer ma futur comparaison. C’est uniquement pour marquer l’esprit. Il y a quelques jours, j’ai eu un long débat d’opinion sur la dangerosité de l’hypnose. Ce débat, en public restreint, s’est vite polarisé entre « oui car » et « non pas plus qu’autre chose ». J’étais, et je suis toujours du côté « non pas plus qu’autre chose ». Notre débat était publique et ce public contenait des personnes jamais hypnotisés. Si je n’avais parlé qu’à des hypnotiseur ou des hypnotisés chevronné, j’aurai parlé des abréactions, de l’éthique, des manipulations et des risques de dérives pour les régressions et la création de faux souvenirs. Tout ça est désagréable et « dangereux » mais tout ceci doit être compris par l’hypnotiseur. L’hypnotisé n’a pas à se soucier de ça. Il est juste là pour vivre la chose merveilleuse qu’est une séance d’hypnose. Bien sûr, l’hypnotisé voudra être au fait de tout ça et il sera toujours temps de l’expliquer. Mais c’est à l’hypnotiseur de savoir qu’il ne doit pas faire de régression, qu’il devra gérer une abréaction ou ne pas hypnotiser quelqu’un sous psychotrope. Bref c’est à l’hypnotiseur d’éviter de mettre en danger son volontaire. L’hypnose en elle-même n’est pas dangereuse, c’est le manque d’éthique qui est dangereux.

Maintenant mon exemple « choc ». Doit on éduquer les jeunes filles à éviter le viol ? Ou éduquer les jeunes garçons à ne pas violer ? Ah ? Si pour vous il y a débat, alors il y a un problème. Dans ce genre de cas, c’est à dire un acte malveillant (viol, manipulation, vol…), ce n’est JAMAIS la faute de la victime. JAMAIS ! Que la victime se ballade à poil, la nuit, que la porte reste ouverte ou que la manipulation était « évidente », ce n’est pas à la victime de faire attention mais à l’autre d’être éduqué et responsable et donc de ne pas être malveillant.

Je sais. On ne vit pas dans un monde de bisounours. Des gens malveillants il y en a. Mieux vaut fermer les portes et être prudent. Mon point et mes exemples sont plus philosophiques ou éthiques que réalistes. Je le sais. On a tous vécu, et on vivra tous des moments où on va rencontrer une personne néfaste et où l’on va souffrir. Et on se dira qu’on n’aurait pas du faire confiance, qu’on aurait du fermer la porte ou s’habiller moins sexy. C’est une honte de devoir penser comme ça. C’est pas la faute à celui qui a fait confiance.

Après on se retrouve refermé sur soit, apeuré. Trouvant du danger là où il n’y en a pas. Trouvant des risques inconsidérés là où ils sont plus que modérés. Et ensuite, on ne fait plus confiance, on attend que le confiance vienne seule. Pour moi, elle ne viendra jamais seule, elle ne peut être que provoquée.

Bref. Si vous voulez avoir confiance en votre hypnotiseur/maître/ami/camarade… il va falloir être actif. Allez chercher les indices qui pourraient prouver une malveillance mais faute de preuves faire confiance. C’est ça la prudence, chercher ce qui ne va pas, plutôt que chercher ce qui pourrait mal aller. Ce n’est pas facile pour tout le monde. Si vous êtes très prudent, ce n’est pas un mal. Vous avez juste besoin de chercher plus longtemps les signes de malveillance. Mais lorsque vous n’en trouvez point, faites confiance. Sinon vous ne ferez jamais confiance. Et vous ne lâcherez jamais prise.

 

 

2 réflexions sur « La confiance pour le lâcher prise »

  1. Je n’en suis qu’au début mais j’ai complètement ressenti la nécessité de faire confiance pour être en mesure de profiter de l’expérience.
    Cela n’a pas été une démarche facile même si mon hypnotiseur semblait a priori être quelqu’un de bien (et de fait il l’est). Chaque fois qu’un doute s’installe vous pouvez être certain que l’effet et le plaisir associé disparaît.
    Mais ne nous mentons pas, assouvir un fantasme est très généralement associé à une prise de risque qui, la majorité du temps, s’avère payante. Ayons un regard positif sur ce que nous sommes, il y a bien plus de bonnes personnes que de mauvaises. Et dans le milieu BDSM dans lequel il m’arrive d’évoluer, c’est une bonne chose.
    Par contre je dirais qu’un personne de nature méfiante ne pourra jamais se lâcher sans la recommandation d’une tierce personne en qui il a déjà confiance.

  2. merci pour ce texte tres instructif, et qui, je dois l avouer me parle vraiment.
    j ai besoin de faire confiance mais la avec le recul de ce texte je me demande si je sais faire confiance, j espere que oui
    merci pour cette reflexion

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