Le week-end du 22 et 23 juillet 2017, un sujet est venu en dressage chez moi pour une transformation par l’hypnose. Sa volonté est d’être un drone qui ne pense pas, qui exécute les ordres de son propriétaire de manière mécanique.

Contrairement aux autres week-end dressage, j’ai dû complètement innover. Habituellement, je ne dois ‘‘que’’ m’adapter à mon sujet.

Etant venu en voiture, un week-end de juillet, et venant courageusement de très loin, il arrive sous les coups de 13H le samedi. Ne voulant pas le flouer sur son week-end (ce n’est pas sa faute s’il arrive aussi tard), on part directement en séance.

On parle beaucoup, et j’essaie de le rassurer beaucoup même si ça ne semble pas nécessaire. Il m’annonce n’avoir écouté que des audios en anglais et n’est pas très sûr des résultats. Je le rassure en lui montrant un phénomène hypnotique. Je lui colle les paupières ensemble et je m’aperçois par la même qu’il est très suggestible. Super ! Je n’aurais pas à le rendre suggestible. Je finis par lui faire dissocier son conscient de son inconscient et lui propose de challenger mes suggestions.

On parle de suggestions challenges, lorsque l’on demande au conscient de résister à la suggestion. Un cas classique est les pieds collés au sol. On propose alors au volontaire de bouger les pieds. S’il y arrive, il gagne 5€. Bien sûr l’hypnotiseur ne propose ce challenge que lorsqu’il est sûr du résultat.

Bref, j’avais déjà décidé de partir sur de l’automaticité des mouvements moteur car ça me semblait le plus logique. Du coup, j’ai l’impression de me retrouver dans de l’hypnose expérimentale et ça éveil mon instinct de savant fou. Pour dissocier complètement, il n’y a pas meilleur exercice (selon moi) que l’écriture automatique. Je propose alors cet exercice à mon sujet et nous voilà attablé en train d’écrire.

Petit à petit, je guide l’écriture de manière à forcer le conscient de chercher des solutions au problème posé : comment devenir un vrai robot. Il finit par décider arbitrairement de devoir franchir 4 barrières, des sortes d’entraves mentales. (C’est ce genre d’entrave qui empêche une personne de réaliser ses rêves ou fantasmes)

On part ensuite sur une séance de développement personnel très classique. Je place toute fois une induction rapide et ‘‘brutale’’ pour faire sortir le conscient de sa zone de confort. Il nous faudra une quinzaine de minutes pour franchir 5 barrières (oui c’est rare de ne pas en découvrir d’autres).

Je sens, mais mon sujet peut me contredire, qu’il y a un mieux. Moins de stresse, moins de timidité et donc on est préparé pour le lâcher prise. J’imprime sa notice d’utilisation (après tout c’est un futur drone) et je commence à mettre du roleplay. Je lui parle comme si j’ »tais un programmeur et lui un robot. J’ai l’impression que ça lui plaît. On teste d’abord des fonctionnalité tout en demandant à ce que le conscient n’intervienne pas si possible. On fait ensemble plusieurs expériences et on finit par conclure qu’on a avancé plus vite que prévu. On est loin de la transformation atteignable mais on s’en approche petit à petit.

Je m’entends bien avec mon sujet, du coup, je me permets d’être moins scolaire. On se baigne, on bronze, on se repose. Bref j’essaie de rendre le week-end le plus agréable possible.

Le lendemain, la nuit portant conseil, je trouve enfin l’idée qui va me permettre d’automatiser le plus possible mon futur drone. D’abord, je le fractionne car c’est cette méthode que l’on m’a appris pour faire partir complètement le conscient. Je finis par lâcher l’idée, non pas par manque d’efficacité mais car ça me semble inapproprié pour une transformation en drone. Je cherche alors un moyen d’être sûr que le conscient va vouloir agir alors que je ferais la suggestion qu’il ne le pourra pas. En gros, je souhaite trouver un moyen sain et consenti pour forcer le conscient à réagir sans connivence. Le hic c’est qu’au début, je ne vois que des suggestions amorales et je désespère jusqu’à ce que j’ai l’idée du mois. L’ennuie ! Je vais faire faire à l’inconscient une tâche rébarbative peu fatigante et voir combien de temps va mettre le conscient à agir dessus.

Je demande alors à mon sujet de s’asseoir et de faire un geste simple, répétitif et un peu ridicule (un morceau de la danse de Las Ketchup) puis je fais la suggestion comme suit :

« Inconscient, tu vas faire ce geste encore et encore, jusqu’à ce que je dise stop. Je suis le seul à pouvoir arrêter ce geste. Conscient tu vas devoir résister de toute tes forces pour arrêter complètement ce geste. Car si tu ne le fais pas, je te laisserai le faire plusieurs heures. »

Je répète plusieurs fois que je ne plaisante pas. Que si le conscient n’arrête pas le geste, je ne le ferai pas non plus. Puis c’est parti. 5 minutes, je prend ostensiblement mon portable et surfe sur internet pour montrer que je m’ennuie déjà. 15 minutes, je rappelle le temps qui passe et demande au conscient de résister tout en félicitant l’inconscient de faire un travail plus que brillant. Puis petit à petit je mens sur le temps qui passe. 20 minutes devient 30 minutes, etc. Au bout d’un peu plus d’une heure (1H10 pour être exact), je décide d’arrêter le geste et demande un feedback. Le sujet semble satisfait et me fait un retour positif. De ce que j’ai compris, le conscient en a eu marre de résister en vain et s’est donc barré ailleurs.

Après le repas, je teste le robot, j’en profite pour commander un massage. On vérifie que tout fonctionne bien.

J’en profite pour tester la commande ‘‘Bande !’’ et ‘‘Débande !’’ qui fonctionne fortement et rapidement à ma grande surprise (je ne pensais pas ça possible). Puis j’essaie à plusieurs reprise ‘‘Ejacule’’ qui ne fonctionne pas mais l’effort semble présent d’essayer.

Je suis très satisfait de ce week-end et je suis content d’avoir fait ma première séance de transformation en robot. J’ai du innover pour arriver à un résultat et je suis fier d’en être encore capable après tout ce temps.

Merci de m’avoir lu.