Tu ne l’as pas volé

Basé sur des faits réels, largement romancé, celui qui m’a raconté cette histoire se reconnaîtra.

Il cache la vérité, sans doute encore aujourd’hui.

Petit homme dans la xXxtaine, fier de ce qu’il a accompli, découvre encore le monde et cherche à vivre expériences après expériences. Dans le miroir, il se voit comme quelconque, il a passé l’âge de se trouver moche ou beau par rapport aux jugement des autres. Peut-être qu’il aimerait se débarrasser de la graisse ici et là, mais il s’en contente. Il pose un sourire sur son visage banal et fini de se raser méticuleusement. Il a un rendez-vous. Un rendez-vous fétichiste.

Oh non ! Non, il n’est pas soumis. Pas du tout, c’est uniquement pour découvrir.

Sur le papier, il va voir une connaissance qu’il respecte beaucoup. Une connaissance dont il sait son expérience dans le milieu BDSM. Beaucoup l’appel « Maître », lui l’appelle « boss » de manière sincèrement affectueuse, sans ironie ni moquerie.

« C’est un ami avant tout » C’est ce qu’il clame à qui veut l’entendre. Il se trompe. Il ne le sait juste pas encore. C’est un ami, oui, mais aussi son dominant réel. Il ne l’avoue pas, ne le dira peut-être jamais mais il voit en son « boss » une figure tutélaire et de respect qu’on ne peut donner à un ami.

Oui, il le tutoie. Oui il est familier avec son boss. Mais… Mais il ne le sent pas que comme ça. Quand dans sa douche, il pense à son boss, il le voit aussi sévère, paternel et patronal. Jouer à la console, boire un apéro et rire sans barrière ; et dans l’intense chaleur du jet d’eau, il se voit à ses pieds, heureux de voir son boss sourire.

Mais la douche n’est que temporaire, et le masque n’est même pas fissuré. Lorsqu’il sonne chez son boss, il sourit, l’embrasse et le considère et le traite comme un ami, cher certes, mais ami seulement.

Ils ont déjà joué ensemble, et rejoueront encore plus tard. C’est pourtant ce jeu-là, qu’il me raconte. Les autres sont imprécis dans sa tête, une expérience de plus. Ce jour-là, ce n’est pas une expérience, c’est un souvenir qu’il me raconte. Aussi imprécis, décousus et émotionnellement engagé que le sont tous les souvenirs majeurs.

Lorsqu’il me le raconte, il n’a même pas conscience de me raconter une chose importante. Et lorsqu’il l’a vécu, il n’avait pas l’impression de vivre un moment essentiel. Voilà pourquoi son récit commence et finit de manière banal.

« Je me suis rasé méticuleusement, je me suis habillé et je suis parti chez lui. »

Banal.

Ils se disent bonjour, discute moins d’une minute et il se laisse mettre au sol par le boss. Même s’il comprend que le boss veut qu’il lèche les baskets, il n’en fait rien. Il pose ses lèvres dessus, bouge un peu mais c’est tout.

*Je ne suis pas un soumis réel après tout* se dit-il en constatant toute fois que son sexe est rigide depuis un moment déjà.

Le boss le force à lécher et téter son sexe à travers le jogging. Ce qu’il fait avec grand plaisir malgré la texture désagréable du textile.

*J’aime la bite. C’est normal de faire ça.* Une vérité pourtant inutile à se répéter.

Deux gentilles gifles plus tard, le boss laisse sa bite à disposition. Ca ne dure pas longtemps mais il suce son boss comme un affamé. Pourtant, elle n’a rien d’exceptionnelle, il en a juste très envie.

« Déshabille toi complètement. » lance le boss en relevant son jogging.

Le jeu va devenir plus corsé, ils le savent tous les deux. Face contre une planche verticale, vissée au mur, il est attaché, saucissonné avec maîtrise. Il ne peut plus du tout bouger. On lui place une cagoule en cuir. Il a confiance mais il a peur tout de même.

Il s’attarde d’ailleurs sur cette peur.

« A ce moment-là en tout cas, je n’ai pas peur de mon ami. J’ai juste peur de mal faire, de mal réagir, de mal être. Je respire par anticipation. Je crois me souvenir qu’il joue un peu avec ma peau… »

Il est excité, mais plus sexuellement. Son sexe est au repos. Ce n’est plus sexuel, c’est émotionnel. Je sens qu’il allait dire spirituel. Je pense qu’il a bien fait de changer le mot. Il parle moins que d’habitude car son envie de bien faire le submerge.

Puis le boss le fouette.

« Au début, j’essaie de gérer la douleur, comme on me l’a appris. Je n’y arrive pas mais j’encaisse. Puis petit à petit, c’est la honte qui me submerge. La honte d’être gras, la honte d’être nul et pas expérimenté. Et pourtant, c’est à ce moment là que je pige le truc. »

Cette honte lui donne de la force. La sensation de mériter ce qui lui arrive, rend juste le fait de se faire frapper. Les coups finissent par s’arrêter. Mais il en voulait plus, il voulait être lavé de sa honte. Il n’osa rien dire. Je pense qu’il n’aurait pu rien dire. Le jeu passe à autre chose et il expérimente à nouveau.

Il subit la cire chaude, les pinces à tétons. Et ça redevient un jeu. Il classe alors cette séance avec les autres. Il a aimé oui mais sans plus. Pourtant…

Le masque fissure un peu.

Il a découvert ce qu’il aime dans la soumission mais il se le cache profondément.

Une réflexion sur « Tu ne l’as pas volé »

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