D’un trait 2

Le doute et la timidité ne sont pas l’apanage des soumis. Un dominant doute et peut-être timide aussi.

Peut-être que la grosse différence entre un soumis qui doute et un dominant qui doute, c’est que le soumis doit vivre avec alors que le dominant doit dépasser ça.

Je ne suis pas timide (pas du tout même) mais je doute beaucoup.

J’ai « dominé » quelques fois notamment pendant mes week-end dressage. Je me suis toujours demandé si je faisais bien, si je faisais ce qu’il faut, etc. De fait, j’ai l’impression de ne pas dominer réellement. Je crois que je ne me suis encore jamais laissé aller complètement.

Peut-être qu’inconsciemment je me retiens, ne me sentant pas légitime de dominer, quand bien même j’en ai très envie.

Bref, je doute d’être un dominant.

 

Imagine un dragon

Souvent, en séance d’hypnose, on m’annonce « Je n’ai pas d’imagination. » ou « Je ne sais pas visualiser » ou « Je n’arrive pas à imaginer. » C’est un frein très classique à l’hypnose. Un frein classique et puissant, qui… n’existe pas.

Définition

L’imagination, telle que je la demande en hypnose, est la capacité à se projeter dans un concept. Ce concept n’est pas évoqué par les sens externes, il s’extrait donc du tangible.

L’imagination est un concept métaphysique issue de la culture et de la mémoire. Il est impossible d’imaginer une idée ou un concept en dehors de toute réalité. Extraire de rien un quelque chose en imagination, c’est pas possible.

Par exemple, une licorne est un animal inventé, qui n’existe pas. Mais, le cheval, on connaît. La couleur argent on connait. Une corne on connait. Les halos de lumière on connait… Bref, assembler des concept réel, extrait du tangible pour former un patchwork c’est de l’imagination.

Un escalier, on connait. Des planches de bois, on connait. Le vide, on connait. Un escalier en bois, dans le vide, on peut imaginer quand bien même ça ne soit pas possible.

Visualisation

Par abus de langage, en français en tout cas, un hypnotiseur pourra dire « Tu vois » en lieu et place de « Tu imagines ». En fait, dans la langage, on utilise des verbes liées au sens pour parler de l’imagination.

Visualise (vue), ressent (sens), imagine (image), visionne (vue) etc.

Bien sûr il existe un vocabulaire qui s’extrait de ça comme « pense » ou « conceptualise ».

Dans la bouche d’un hypnotiseur, tout ce qui a attrait à l’imagination sont des synonymes libres de sens. C’est à dire que s’il dit « visualise », la plupart du temps, il demande simplement de « penser à ». L’hypnotiseur laisse libre court à l’hypnotiser de conceptualiser de la manière qu’il veut.

Fertilité dans l’imagination

Sommes-nous tous égaux dans notre capacité à imaginer ?

Oui !

Sans équivoque, sans aucun doute de ma part, si vous n’avez aucune maladie, votre imagination est aussi fertile que celle du plus grand physicien théoricien du monde ou de l’artiste le plus talentueux. Alors certes, vous ne pourrez jamais imaginer ce qu’eux imaginent car vous n’êtes pas eux. Et il est vrai que nous ne sommes pas tous égaux dans la traduction qu’on a dans notre tête.

Certains écrivent pour sortir leur imaginaire, d’autres jouent de la musique ou développent des équations. Et d’autres auront leur idée piégé dans leur tête.

Pour enfoncer le clou, c’est vrai qu’imaginer un nouveau moteur à combustion est beaucoup plus utile à l’humanité que d’imaginer un dragon. Pourtant, le moteur comme le dragon sont de la pure imagination et très fertile de surcroît.

La traduction de l’imaginaire

Quand on parle pour un hypnotisé, sa traduction est inutile. C’est toujours mieux quand on transmet ou qu’on rend compte de ce qu’on imagine, c’est vrai. Mais ce n’est pas nécessaire à vivre une transe aussi intense que souhaitée.

« Mais je n’arrive pas à imaginer ! »

Oh que si ! Nécessairement, obligatoirement, indubitablement si !

Si j’écris « chien » vous pensez immédiatement à cet animal poilu, marchant à quatre pattes. Et plus vous connaissez cet animal plus vous pensez à des choses avec ce mot.

Pourtant chien, c’est (au niveau des sens) uniquement 5 lettres c h i e n formant le son [ ʃ ][ j ][ ɛ̃ ].

Tout comme, en vrai, deux points et une parenthèse ne forment un sourire que parce qu’on est capable de l’imaginer : )

« Pense à un escalier » et savoir ce qu’est un escalier, c’est déjà l’imaginer et c’est largement suffisant pour être hypnotisé.

Par contre, il est vrai, que maintenir un concept pure dans le temps est une chose difficile sans artifice. La véritable difficulté dans l’imagination en hypnose (et là nous ne sommes pas tous égaux ; MAIS ça se travaille) c’est de maintenir l’imagination assez longtemps pour vivre la suggestion. Rester concentrer sur le concept « escalier » n’est pas aisé. Mais le ressentir, le visualiser, bref, évoquer des sens internes pour maintenir l’imagination plus longtemps sont des stratégies payantes.

Conclusion

Non, vous ne manquez pas d’imagination. Et oui maintenir son imagination longtemps demande une grande concentration et donc du travail.

Je retombe sur mes pattes. Tout le monde a assez d’imagination pour être hypnotisé à 100% mais il faudra plus ou moins de travail.