Devenir hypnotiseur : 2em cours – LE TEST DE SUGGESTIBILITE

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ou faire croire, un test de suggestibilité N’est PAS un test sur la suggestibilité. Ce test permet de vérifier que le pré-talk a été compris et qu’on peut faire une séance d’hypnose.

Si le test ne fonctionne pas, c’est la faute pleine et entière de l’hypnotiseur. Ne cherchez pas plus loin, votre pré-talk n’a tout simplement pas été compris.

Suggérer

Bien que nous ne soyons pas à proprement parler dans la séance, vous allez commencer à faire des suggestions. C’est le cœur du savoir faire de l’hypnotiseur. Il faut bien commencer quelque part.

Une suggestion est un ordre poli. C’est un ordre proposé que le volontaire dispose à son envie.

Si je m’attarde sur ce qu’est une suggestion, ce n’est pas pour rien. Car c’est la manière dont vous suggérez et la manière dont c’est perçu qui fera de vous un bon hypnotiseur.

Une suggestion prend la forme que l’on veut. Avec des mots, avec des gestes, on guide le corps et l’esprit du volontaire à exécuter une suggestion.

Pour débuter, on va stéréotyper les suggestions ; bien sûr il n’existe pas de règle absolue, plus vous prendrez vos aises et plus vous vous détacherez de ce que je vous apprends ici. (Et c’est une très bonne chose)

Les tests en concret

Un test de suggestibilité n’est pas à proprement parlé une suggestion hypnotique. De fait, vous vous servez d’astuces physiologiques pour réussir une suggestion.

Pour raccourcir, vous suggérez ce qui est en fait en train de se passer naturellement, donnant l’illusion qu’il se passe quelque chose.

Faire un test de suggestibilité permet en plus de commencer à prendre le lead sur la conversation et donc sur la séance. C’est vous qui savez, c’est vous qui guidez. Sans forcément être directif, vous devez montrer que vous savez ce que vous faites et pourquoi vous le faites. Il existe énormément d’astuces pour le faire. Voici quelques exemples :

  • Corriger physiquement une posture. Par exemple en déplaçant soit même la main du volontaire.
  • Corriger oralement une posture. Par exemple en demandant de baisser les épaules ou redresser la tête.
  • Mimer le « bon » geste.

3 exemples de test

Les doigts qui se rapprochent

Celui-ci est le plus connu et le plus pertinent pour débuter. Il est tout simplement parfait pour juger du futur de la séance. Ce test ne peut pas échouer à proprement parler, ce qui signifie que s’il échoue c’est qu’il y a un problème.

Demandez à votre volontaire de placer les mains et les doigts comme ceci.

Moins il y a de vide entre les deux paumes de la main et mieux c’est. N’hésitez pas à faire chasser l’air entre les mains. Plus les mains seront bombées moins ça sera efficace.

Demandez ensuite d’écarter les deux index de un à trois centimètres pas plus. Demandez ensuite de fixer le regard sur un point entre les deux doigts tendus puis commencez à suggérer quelque chose du genre :

« Les doigts vont commencer à s’attirer l’un l’autre. Comme s’ils étaient aimantés. Plus vous regardez l’espace entre les doigts et plus ils se rapprochent. De plus en plus et de mieux en mieux. »

Si les doigts ne se rapprochent pas, il y a un problème. En effet, dans cette posture, les doigts doivent se rapprocher naturellement. Faites le chez vous, sans rien vous suggérer, détendez vous et vous verrez vos doigts se rapprocher.

Si les doigts se rapprochent et se touchent, vous pouvez commencer la séance. Si l’hypnotisé est bluffé alors vous pouvez commencer la séance sereinement.

Les pieds lourds

C’est mon test préféré car il demande de raconter une histoire et de parler longuement. J’aime faire les deux 🙂

Demandez à votre volontaire de se lever, de se mettre bien droit, de joindre les pieds et les genoux tout en étant bien stable. Si l’hypnotisé n’est pas à l’aise les pieds joints laissez le les écarter un peu. Puis demandez lui de verrouiller les genoux, c’est ce qui est le plus important.

« On va vous transformer en arbre pour vous coller les pieds au sol. Mais pas n’importe quel arbre ! Non. Le plus beau, le plus grand, le plus majestueux des arbres ! Tellement grand qu’on pourra vous voir depuis l’espace. Vous pouvez fermer les yeux si ça vous aide à imaginer. Imaginez devenir un arbre, imaginez que des pieds partes deux puissantes racines dans le sol. Si profondément enfouies qu’un vent violent pourrait souffler que vous ne bougeriez pas d’un millimètre. Imaginer que vos jambes deviennent le tronc de l’arbre, complètement rigide et immobile.

*silence*

Imaginez que chaque seconde qui passe vos racines se divisent, grandissent, se répandent et viennent se fixer partout. Vous êtes si grand, si beau et si lourd qu’un vent violent pourrait souffler que vous ne bougeriez pas du tout. Tout à l’heure, je compterai jusqu’à trois. Et vous essaierez de faire un pas en avant. Mais vos racines sont si lourdes si entièrement enfoncées dans la terre que vous ne pourrez pas lever un pied. Plus dur encore sera de plier les jambes déjà transformé en tronc solide et dur.

1, les racines vous tirent vers le sol, impossible de bouger

2, les jambes sont complètement dur, en bois.

3, essayez de bouger et plus vous essayez plus les racines tirent vers le bas. »

Je vous pris d’observer sur ce petit texte ci-dessus deux subtilités que vous devrez appréhender pour toutes vos suggestions.

Evitez de parler en pronoms possessifs lorsque vous parlez d’une partie du corps. Préférez parler de la main plutôt que de ta main ; ces pieds plutôt que vos pieds. Tout ceci pour augmenter la sensation de dissociation, pour accentuer le fait que la main n’appartient plus tout à fait à l’hypnotisé.

Lorsque vous challengez l’hypnotisé ne dites pas : « bouge les doigts » mais « essaye de bouger les doigts ». Rien qu’avec cette petite astuce vous ménagez une chance d’échouer à bouger ses fameux doigts.

Si vous avez parlé assez longtemps et que les jambes du volontaires sont bien droites et les genoux bien verrouillés, les pieds ne devraient pas bouger immédiatement. Même s’il bouge une seconde après l’essai, le test est bon. Si par contre le pied bouge immédiatement et sans hésitation, vous allez devoir enchaîner avec un autre test tout en recadrant.

Je ne conseille pas ce test au débutant.

Les yeux collés

Test idéal lors des séances à plusieurs et/ou assis et/ou intimistes. Il est facile à réaliser mais demande à ce que les volontaires soient déjà un peu en confiance puisque vous allez leurs demander de fermer les yeux.

Ce test est du même acabit que les pieds collés avec un taux de réussite plus élevé et une meilleure résilience aux erreurs de l’hypnotiseur. Personnellement c’est celui que j’utilise le plus quand je veux aller loin dans la séance ou que j’ai tout mon temps.

Pour le réaliser, il suffit de demander au volontaire de fermer les yeux et de faire un maximum d’effort pour détendre les muscles autour des yeux. C’est la partie la plus importante. Le reste c’est de l’esbrouffe, de la broderie.

« Tout à l’heure on va compter jusqu’à trois et les paupières resteront complètement scellées, fermées, collées. Et plus vous essaierez des les ouvrir et moins vous y arriverez, un peu comme si vous aviez oublié comme on ouvre les yeux. Mais d’abord, on va coller ces paupières. Imaginez quelque chose qui vient les coller. On peut imaginer de la colle bien sûr. On peut coudre les paupières entre elles. Tout ce qu’on veut. Moi par exemple j’aime pendre avec des crocs de boucher deux immenses baleines. Là c’est sûr avec ça je n’arrive plus à ouvrir les yeux.

1 les yeux sont complètement fermés, impossible de les ouvrir.

2 les paupières sont scellées, collées.

3 vous pouvez essayer d’ouvrir les paupières, mais impossible. Complètement collées. »

Les yeux ne s’ouvriront pas immédiatement si le pré-talk et la suggestion ont été bien emmené. Ce test est considéré comme réussi lorsque les yeux ne s’ouvrent pas immédiatement et que les sourcils se sont levés avant que les yeux ne s’ouvrent. Le taux d’échec sur ce test est particulièrement bas. Je le conseille autant que les doigts aimantés dans un cadre intimiste. Dans un cadre avec spectateurs, je l’utilise que si je sens le volontaire à l’aise.

D’autres tests

Il existe d’autres tests tout aussi valable, avec ses qualités et ses défauts. Je les emploie presque jamais car les 3 présentés ci-dessus satisfont tous les cas de figures où je vais préférer faire l’un ou l’autre. Mais pour être un peu plus exhaustif je vais citer quelques titres de tests évocateurs :

  • La barre de fer (verrouiller le coude)
  • La carte collée (poignée baissé et carte pincée entre pouce et index)
  • chute en arrière (pieds joints, hypnotiseur plaçant le mains sur les omoplates et les reculant petit à petit)
  • confusion du prénom (demande un cadre très particulier)

Conclusions

Un test de suggestibilité est une excellente transition entre le pré-talk et la séance à proprement parlée. Ils permettent de vérifier que le volontaire à bien saisi ce qu’on entendait de lui lors de la séance.

C’est également un bon moyen de bluffer les sceptiques en utilisant des astuces physiologiques ou psychologiques.

Devenir hypnotiseur : 1er cours – LE PRETALK

Une séance d’hypnose est grosso-modo en trois étapes.
Le prétalk, la séance puis le réveil.

Le prétalk en hypnose est comme le dialogue qui cadre le jeu fétichiste. Et il est essentiel. Plus votre jeu risque d’être intense plus vous devrez y mettre des limites claires, l’hypnose c’est pareil. Plus vous voudrez aller loin dans la séance mieux vous devez préparer votre séance.

Le prétalk c’est ça.

S’introduire

Avant de commencer une séance vous devez vous présenter, je ne parle pas d’un CV mais d’une mise en confiance en s’exposant. Mais un exemple vaut plus que mille mots alors voici comment je me présenterai dans le cadre d’une séance avec un inconnu

« Je suis Jonathan, je fais de l’hypnose depuis plus de dix ans et de l’hypnose érotique depuis plus de cinq ans. Si tu as des questions sur l’hypnose, je serai ravi d’y répondre. »

Oui c’est tout. Vous pouvez développer autant que vous voulez, aborder les sujets qui vous semblent nécessaire ou intéressants. Mais à minima, vous devez vous présenter comme un sachant et cela même si vous faîtes votre toute première séance.

Petits conseils :

  • Si votre premier hypnotisé vous connait, vous pourrez louvoyer en stipulant que vous étudiez le sujet depuis un moment mais qu’il est votre premier volontaire réel.
  • Mentez sur votre expérience sans l’exagérer, le rôle de sachant est primordial pour un hypnotiseur débutant.
  • A contrario vous pouvez admettre ne pas tout savoir, vous pouvez même visiblement douter. Il suffit d’assumer et discuter.

Expliquer

Dans le cadre de l’hypnose, pour arriver à quelque chose, il faut expliquer ce qu’est l’hypnose et surtout ce qu’elle n’est pas. C’est l’une des deux raisons d’un pré-talk. Il y a alors deux sortes d’informations que vous devrez faire passer.

Les informations essentielles :

  • On ne dort pas en hypnose (On est même très loin du sommeil),
  • On reste conscient tout le long,
  • Si on ne dort pas, on est par contre plutôt du côté du rêve. Le rêve comme l’hypnose possède les mêmes propriétés de jouer avec le réel,
  • L’hypnose ne marche que si l’hypnotisé a envie de l’être. Tant qu’il joue le jeu, l’hypnose va marcher,
  • On ne peut pas rester bloquer en hypnose, c’est un phénomène naturel d’hyper concentration.

Les informations non nécessaire ou qui peuvent être glissées pendant la séance :

  • L’hypnose ne vient pas de l’hypnotiseur mais du volontaire,
  • L’hypnotiseur propose mais c’est l’hypnotisé qui choisit au final,
  • On va aussi loin que l’hypnotisé veut aller, pas plus loin.

Cadrer

C’est la partie la plus importante du pré-talk. C’est la cause principale des échecs en hypnose ludique. Sur cette partie vous devez vous assurer de deux choses :

  • L’hypnotisé a vraiment compris ce qu’il allait se passer et surtout ce qu’on attend de lui
  • De ne pas dépasser les limites que vous avez définies ensemble

Contrairement au BDSM, une séance d’hypnose n’est pas le bon endroit pour dépasser les limites. Si quelque chose perturbe trop le volontaire, la séance risque de se finir en un battement de cil. C’est à ça que sert le cadre : définir les limites permettant de jouer et de surprendre sans jamais les dépasser.

Exemples :

« On va jouer ensemble. L’objectif c’est que tu t’amuses et tu découvres tout ce qu’on peut faire avec l’hypnose. On ira aussi loin que tu le souhaites. Un simple mot et on arrête. »

« Notre but est de te faire lâcher prise, on ira aussi loin que nécessaire pour réaliser ça. »

« Je vais te faire essayer les hallucinations. Ca te dit ? »

Bref. Plus votre cadre est clair, plus vous restez cohérent avec ce dernier et moins il y a de chance de rater sa séance.

Enchaîner ou mixer

Après avoir répondu aux questions du volontaire, cadré et expliqué, vous êtes sensé enchaîner avec la séance à proprement parler.

Certains hypnotiseurs préfèrent mixer leur pré-talk avec les tests de suggestibilité (voir 2em cours).

Enchaîner permet d’être plus rigoureux, plus à l’écoute et d’être plus lisible par les spectateurs éventuels. C’est comme avoir une conversation quasiment normale.

Mixer, par contre, rend les choses plus rapides et plus spectaculaires. Cependant ça demande d’être plus scripté car vous faîtes deux choses à la fois. Mixer donne l’illusion d’une hypnose rapide ou instantanée.

Conclusion

En hypnose, la communication est essentielle (évidement) mais c’est surtout sa capacité à faire comprendre ce qu’est l’hypnose (ou ce qu’elle n’est pas) qui fera 90% de votre séance.

Il est inutile d’avoir du bagou, d’être éloquent ou de parler « bien ». Vous pouvez zozoter, hésiter, buter sur les mots, faire des lapsus et vous corriger sans problème (marche tout le long de la séance). Ce qui est important c’est de s’assurer d’être compris au final.