Archives de catégorie : BDSM

L’hypnose sexuée ou l’hypnose érotique

On me pose souvent la question de ce qu’est l’hypnose érotique. Et comme c’est assez varié, je pose ici un article afin de présenter quelques possibilités de l’hypnose sexuée.

Il faut savoir que l’hypnose érotique n’est qu’une extension de l’hypnose ludique. Les mêmes techniques sont utilisées dans les deux cas. En fait c’est strictement identique dans le processus et seul le cadre et les suggestions changent. Je ne ferais jamais une suggestion d’orgasme dans la rue, et c’est là la différence.

 

Le cadre

L’hypnose érotique ou sexuée se propose dans un cadre privé ou retreint. Il peut-être pratiqué en public averti ou en duo. Un spectacle est tout a fait envisageable.

La plupart du temps l’hypnotisé reste habillé d’un bout à l’autre. Si les suggestions sont sexuées, le langage reste soft et la pudeur est facilement préservée. Contrairement à l’hypnose pornographique, l’hypnose érotique s’approche plus du développement personnel et de l’érotisme que de la sexualité affichée. La nuance est subtile sur le papier mais dans une séance, elle est flagrante.

 

La séance type

Alors il n’y a pas de séance type. En fonction de l’hypnotisé et du cadre et du lieux et de mon humeur, la séance va varier.

Mais comme on me pose cette question un milliard de fois par semaine, je vais décrire une séance type, en gros, vaguement type.

Objectif de la séance

En début de séance, on parle d’hypnose, de science et de la météo. Mais on parle surtout des objectifs du volontaire. Ne me dites pas que vous ne savez pas ce que vous voulez. C’est vous qui m’avait demandé une séance. Vous devez le faire avec en tête au moins un objectif. Rien n’empêche d’aller plus loin ou de faire d’autres trucs en même temps.

Mise en transe

Peu importe la méthode que j’emploie, il y a toujours un début de séance ludique pour atteindre le bon état d’esprit. On appelle ça l’induction. Il existe une pléthore de méthode pour mettre en transe. Je suis partisan des inductions rapides plutôt que lentes mais encore une fois tout dépend de l’hypnotisé.

Une mise en transe va se passer à peu près comme suit :
  • Aider à lâcher prise
  • Libérer l’imagination
  • Rendre acceptable les suggestions

Comment faire tout ça ? Un peu de surprise que diable ! C’est à ça que je sers.

Dérouler les phénomènes hypnotiques

Ensuite il ne reste plus qu’à atteindre l(es) objectif(s) de la séance.

  • Déclencher un orgasme
  • Désinhibition
  • Gestion de l’éjaculation
  • Rêve érotique éveillé
  • Création d’excitation
  • Synesthésie lié au plaisir

Et bien d’autres choses encore ! Soyez imaginatif !

 

 

 

HypnoAdmin dans un boots camp BDSM

Je profite que ce soit encore frais dans ma tête pour vous faire un compte rendu et une analyse de ce milieu et des liens (évidents ou non) entre la transe hypnotique et le BDSM.

Le 10 et 11 juin 2016, à Fontvielle, Dans un mas

 

Mon intervention s’est passé en deux phases. Mais remettons les choses dans leur contexte.

Commençant doucement à me faire un nom dans le milieu gay, les gens commencent à s’intéresser à l’hypnose dans la cadre de leur pratique sexuelle.

Je fus contacter par un maître BDSM assez connu dans le Sud-Est de la France.

Bon bien sûr nous nous sommes rencontré en un échange de bon procédé. Nous avions tout deux émis la condition de ma participation à un camp SM que s’il se laissait hypnotiser et que si je testais une cession de BDSM.

Ayant vécu la séance d’hypnose jusqu’au bout (Hallucinations, Synesthésie, la totale de ce que je fais en rue), il gagne immédiatement mon respect et je signe pour faire un atelier de quelques heures sur son fameux camp SM. (Je ne raconterai pas ma propre expérience)

On s’est donc mis d’accord sur ce que j’allais faire : « Ce que je veux tant que je respect la double éthique du SM et la mienne. » Et les deux se marient très bien. Ça demande un peu de flexibilité mentale mais une fois qu’on a décidé du cadre et de l’éthique, on peut se permettre de grande liberté.

Vendredi 10 et Samedi 11 juin, j’ai donc été invité à hypnotiser des pratiquant du BDSM dans un camp qui réunit des débutants et des expérimentés afin de se plonger pendant 2 jours pleins (environ 32 heures) dans un cadre idéal. Le public aidant à se sentir en sécurité par rapport à un lieu plus privé, les gens se permettent beaucoup plus de chose.

Vendredi soir, je suis invité à venir me présenter vers 20H tandis qu’eux sont arrivés depuis environ 6 heures. Lorsque j’arrive, je suis accueilli par le maître des lieux (on se trouve dans un magnifique mas perdu dans la campagne), un américain maître BDSM. Il me conduit jusqu’au lieu où presque tout le monde est réuni en train de regarder une sorte d’appareil de torture SM ( J’ai du mal à la décrire tellement elle est improbable pour ceux en dehors du milieu)

Et ils sont presque tous à poil… Oui à poils, les soumis sont soit entièrement nus soit simplement chaussée. Moi en habit civil et en T-Shirt « Hypnose gratuite » je détonne aussi bien face aux soumis qu’aux domis habillés de cuir ou de treillis. Le maître de cérémonie (celui qui m’a convié à y participer) m’introduit au près de l’assemblée. A l’aise, je me présente et pose immédiatement mon cadre :

« Je suis au service de la personne qui vient me voir et cette personne doit venir de part son propre choix. Si vous avez des questions, je suis là jusqu’à minuit. »

 

Je passerai sur ce que j’ai vu et me concentrerai uniquement sur les séances d’hypnose et ce qui entoure ces séances. Au début, on ose peu m’aborder et les quelques questions que l’on me pose sont très clichées. Je pulvérise les croyances qui pourraient entraver mes futures séances et je m’assure de placer des sécurités psychique l’air de rien. Et moins d’une heure plus tard, de manière impromptue, le plus jeune des soumis, et complètement débutant, vient me voir.

D’après son discours et ses craintes, je pense comprendre qu’il a tellement peur de mal faire, et de ne pas aimer qu’il devient ce qu’il craint. Pas de pré-talk individuel, pas de test ni de phénomène hypnotique « externe », je lui fais immédiatement fermer les yeux et je me permets de redéfinir avec lui ses aspirations et ses désirs puis il franchit quatre frontières aussi imaginaire que tangible sous ses doigts pour devenir celui qu’il aimerait être pendant ce week-end. Le feeling est si bien passé pour lui qu’il est immédiatement passé de timide à avenant, devenant un peu la mascotte du camp.

Rapidement après, le masseur du camp me demande une séance pour essayer la transe et en profiter pour se concentrer sur un sujet qui ne concerne que lui. Il me demande donc de le guider sans l’influencer. Je m’assure juste qu’il ne désire pas faire de remémora ni de régression et j’entame la séance d’emblée sans pré-talk individuel ni phénomène hypnotique externe. Il ferme les yeux et je lui propose un voyage auto-suggéré, en silence. Dix minutes plus tard, il semble satisfait et me remercie chaleureusement.

La soirée passe et le soleil commence à se coucher tandis qu’un peu partout dans le camp, des gens se font attacher en triangle dos à dos complètement saucissonnés. Je me retrouve à faire une séance détente sur un mec stressé et attaché complètement. La seule partie « mobile » reste le cou. Même les épaules sont entravées. Je salue en silence la beauté de la technique du bondage car il ne semble ni avoir aucune douleur seulement de l’entrave. Ne pouvant ni créer une pattern ni m’en servir, je pars sur une induction formelle lente.

La relaxation commence à se faire doucement mais surprise un des deux autres « prisonnier » part en transe car accompagné par un domi (qui s’avère être psy/hypnotiseur mais j’en reparle plus tard ;) ). Et je me retrouve à gérer deux inductions à un rythme différent, je m’assure que mes suggestions puissent être interprété de deux manières différentes, l’une que j’adresse à mon volontaire premier (qui part pas très loin) et une pour guider le second qui est parti vite et loin. Finalement et spontanément, le second se « redresse » (pour un mec entravé ça veut dire qu’il lève la tête) et semble satisfait tandis que le premier bien qu’un peu plus serein ne semble pas vouloir ou pouvoir se détendre plus dans ses drôles de conditions.

Je m’éloigne du trio pour observer le reste de l’atelier lorsque le maître de cérémonie me demande de venir à nouveau vers ce fameux trio pour hypnotiser le dernier. Ce dernier est réfractaire aux pinces à téton et son domi veut qu’il essaye au moins. Avec l’accord du soumis, je lui propose une séance pour voir où ça nous mène. Mais très vite, je m’aperçois qu’il dit ou fait « non » à tous ce que je propose. Dans un autre cadre, j’aurai repris depuis le début avec un pré-talk et des tests mais il est entravé et j’ai été imposé. Je lui redonne le pouvoir sur moi en lui disant : « Quand tu voudras essayer, viens me voir. »  Ainsi il décidera seul. (Je reparlerai de lui bientôt)

D’autres événements non hypnotiques plus tard, je décide finalement de les quitter pour rentrer chez moi. Rendez-vous le lendemain vers 16H30.

Cette fois, en caméléon que je suis (et grand joueur de Grandeur Nature :P ), je viens en treillis et je mets des lentilles. Hier, ayant entendu à plusieurs reprises que j’avais des beaux yeux hypnotiques, je me dis que ce serait bête de pas s’en servir…

On me dit qu’hier j’ai déjà fait pas mal sensation et que donc beaucoup de gens sont intéressés.  En effet, j’enchaîne des séances de lâcher prise et un peu de développement personnel. Plus j’hypnotise, plus les gens sont contents et m’en redemandent.

Un nouveau jeu commence avec de la momification sous un film étirable. Il fait chaud et le plus jeune ne tient déjà plus. Je décide spontanément de lui apprendre à gérer sa température avec des sous modalité. Il passe de « En nage » à « Je transpire juste un peu » en une minute maxi. Et je me fais alors la réflexion que jusqu’à présent, je n’ai pas fait de test. Mon hypothèse alors c’est que si tu fais du SM ou si tu veux en faire, tu sais que tu dois lâcher prise. Tu as donc l’état mental pour être hypnotisé. J’en profite pour l’aider à transformer la douleur (pinçage de tétons) par du plaisir. Ça marche très bien également. Tout le monde est content.

D’autres événements BDSM plus tard, juste avant le repas, je suis sollicité par la personne qui me disait toujours non. « n’y crois pas. » et « suis cartésien » fusent. Je balais toutes ses interrogations par un solide pré-talk dont j’ai l’habitude.

Je fais mon premier pré-test (que je sais inutile) et j’enchaîne immédiatement avec une catalepsie des doigts qui ne tient que parce que je ne lui ai pas vraiment laisser le temps d’essayer.  Les mains qui se rapprochent, les livres et les ballons, l’induction avec la main sur le front, un approfondissement long et les pieds collés au sol grâce à de l’empilement de métaphores, je sens que ça marche bien mais qu’il n’est pas conquis.

Alors je lui propose l’amnésie du chiffre 7.  On travaille dessus trois bonnes minutes et je lui fait ouvrir les yeux. Je lui demande de compter mes doigts et il affirme que ça n’a pas marché. Je dégage à ce moment-là une telle certitude que l’échec ne m’est même pas venu à l’esprit. j’insiste juste pour qu’il compte à voix haute. Le chiffre sept ne vient pas, il ne sort pas. Il compte silencieusement et l’amnésie tient plus d’une minute. Là, il est conquis. Il me demande d’être moins « coincé du cul » et je fais un peu de développement personnel. Il est ravi.

Tout le monde est ravi que je sois là.

Hors de tout propos, il y avait parmi les maîtres/domis, un psychiatre hypnotiseur. Ce dernier connaît très bien la mouvance à laquelle j’appartiens, et il n’aimait pas trop ça. Il a  ravisé son jugement. On a pris chacun le téléphone de l’autre. Voyons si l’on peut faire une collaboration. (il fait parti d’un coloc de psy qui tente d’intégrer dans le cursus de formation des blouses blanches, les « déviance » sexuelle. Afin d’avoir un meilleur rapport avec celles-ci. Je suis donc très intéressé ^^)

 

Mes conclusions :

Comme je m’en doutais le lâcher prise BDSM et le lâcher prise Hypnose sont liés d’une manière ou d’une autre. Le fait que je n’ai eu aucun « échec » et aucun retour négatif me dirige en ce sens. Le lâcher prise s’apprend de bien des manières et on peut s’en servir pour bien des raisons.

Au final je n’ai pas fait de jeu BDSM avec l’hypnose, j’ai fait de l’hypnose pour aider le BDSM. Un peu déçu de ne pas avoir pu explorer ce côté là mais ce fut tout de même très intéressant. Et hypnotiser quelqu’un d’entièrement attaché ne se présente pas beaucoup dans une vie d’hypnotiseur.

Ma relation avec les gens à encore évoluer grâce à ce week-end. Bien sur je n’avais aucun a priori avec ce milieu. Mais le découvrir en « vrai » et en nombre m’a montré des choses sur l’humain que je n’arriverai pas à expliquer ici à l’écrit.

Plus qu’une expérimentation hypnotique, c’est mon relationnel avec un volontaire qui a été expérimenté. J’ai pris confiance en moi, en ma capacité d’empathie et à mon intellect. C’est peut-être prétentieux mais pour moi c’est un pas vers l’avant.

Plus qu’une expérience, ça a été une nouvelle formation mais en autodidacte. Je ne sais pas si ça se voit dans mon long pavé mais j’ai beaucoup appris. Y compris dans les techniques de base.

 

Les premiers pas dans l’hypnose

L’hypnose est quelque chose d’encore assez peu connu, entre mythe et réalité, c’est une discipline très empreinte de croyances et de superstitions.

Je ne détiens pas de vérité. Si ce n’est la rigueur intellectuelle qu’est la mienne, j’essaie autant faire se peut d’avoir une esprit critique et d’éviter au mieux les biais cognitifs qui pavent les réflexions même les plus abouties.

Attention, les effets de l’hypnose ne sont plus à démontrer. L’implication de la transe hypnotique dans les thérapies et la chirurgie suffit à rendre le domaine sérieux. Attention aussi à ne pas me faire dire ce que je n’ai pas écrit. L’hypnose n’est pas encore bien définie et la discipline regorge encore de croyances et de raccourcis malheureux.

Pratiquer l’hypnose est alors un choix que l’on doit faire en toute connaissance de cause. Et on doit rapidement admettre qu’on n’est pas sûr de bien comprendre tout ce qui se passe. « Je sais que ça marche, j’observe les résultats mais je ne comprends pas pourquoi ça marche. »

Zététicien dans l’âme, je pratique l’hypnose avec un grand esprit critique et je désire m’extraire de tous les dogmes associés à l’ésotérisme hypnotique. Cependant, l’hypnose se lie avec les croyances de l’hypnotiseur et surtout de l’hypnotisé. Il est donc nécessaire de garder une grande ouverture d’esprit et de parler de croyance avec mesure et réflexions.

 

Il existe des livres, des formations et des sites bien comme il faut où vous pourrez apprendre l’hypnose. Et se documenter sur un sujet n’a jamais fait grand mal à personne, je pense.

Que vous souhaitiez apprendre l’hypnose ou la découvrir, nul besoin d’y croire mais simplement de jouer le jeu et de se laisser découvrir les merveilles de son propre esprit.